Pour préparer la course du “Paris-Bordeaux-Paris” de juin 1895, l’Éclair des Frères Michelin est une Peugeot Type 5 équipée d’un moteur de 2 HP ½.
Celui-ci est remplacé par un moteur de bateau Daimler de 4 HP.
Plus gros que celui d’origine, le moteur doit également être placé en porte-à-faux, déséquilibrant le véhicule.
Au ressenti, la direction est erratique et le véhicule se meut de guingois, en zigzag, comme un éclair, dont il tire son nom.
Ce n’est pas la seule modification que subit la Type 5, car elle est aménagée pour pouvoir faire face aux pannes et changement de pneumatiques, inévitables durant la course.
La caisse à outils contenant les pièces de rechange essentielles porte le véhicule à près de 1 tonne 160 kg.
Pour l’Éclair commence la période des tests. Durant les mois précédents la course, le véhicule a un premier accident sans gravité près de Clermont Ferrand.
A trois semaine du départ, lors d’un essai nocturne, un problème de frein, survenu après un changement de roue, provoque une sortie de route.
Les conducteurs éjectés sur le gazon, en sont quittes pour une grosse frayeur.
Le poteau télégraphique, qui a arrêté la course du véhicule, finit au sol.
Sous l’effet du choc, le véhicule prend feu et brûle partiellement.
Le véhicule est reconstruit complètement mais il porte les stigmates structurels de l’incendie.
Les conducteurs qui auraient dû piloter l’Éclair refusent de le faire.
Qu’à cela ne tienne, ce sont les frères Michelin qui prennent place sur la ligne de départ !
L’Éclair est le 46ème et dernier véhicule inscrit sur la liste des participants.
Afin de promouvoir l’évènement, tous les véhicules participants sont exposés au Champ de Mars, galerie Rapp.
Le départ de la course est donné le matin du 11 juin 1895.
La première étape relie l’Arc de Triomphe à la Place d’Armes de Versailles.
Celle-ci tient plus du défilé que de la course, néanmoins, elle est loin d’être une promenade malgré une vitesse moyenne de 12 km/h.
Déjà l’Éclair montre son esprit revêche et ne sera pas présente pour le départ de Versailles à midi.
Mais la Peugeot n’a pas dit son dernier mot, l’Éclair passe le contrôle de Tours le 12 juin à 21 h 38 puis au contrôle de Bordeaux le 13 juin à 12 h 45 avec un retard de plus de 24h sur le premier et arrive à Paris le samedi 15 à 19 h 50 en 10ème et dernière position mais déclassée puisque la course devait durer 100 heures au maximum.
La performance est tout de même à saluer car les frères Michelin montrent tout l’intérêt de leur invention.
Chapeau-bas messieurs !
Peugeot propose les roues équipées de pneumatiques en « extra » sur ses véhicules dès 1896.