METALLURGIQUE 1898-1927
S.A. l’Auto-Métallurgique à partir de 1907
rue du Châtelet à Marchienne-au-Pont
Fabriquant à l’origine des locomotives et du matériel roulant pour chemins de fer et tramways, METALLURGIQUE crée en 1898 dans ses installations de la Sambre une division réservée à la construction automobile. Les premiers modèles mis en chantier fin 1900 dans ses nouveaux ateliers de Marchienne-au-Pont, seront exposés au Salon de Paris en 1901. l s’agissait de petites deux cylindres de 4 cv, l’une à moteur avant, l’autre à moteur monté à l’arrière, une 4 cylindres aux mêmes cotes (76 x 80) venant ensuite compléter la gamme. Les premières METALLURGIQUE ressemblaient aux DAIMLER de l’époque.
En 1903, la firme de Marchienne-au-Pont fait appel à l’ingénieur allemand Ernst LEHMANN pour prendre la direction technique de la marque (LEHMANN avait travaillé précédemment chez MERCEDES et DAIMLER). METALLURGIQUE s’oriente alors vers la construction de voitures modernes de plus grosses cylindrées, aux performances élevées, à la finition luxueuse et à la mécanique d’avant-garde (soupapes commandées, embrayage à segments extensibles, transmission par cardan).
A partir de 1905 le développement se portera sur le 4 cylindres dont le plus connu fut le 60/80 cv de 9900 cc qui, en version course développait une puissance de 100 cv au régime moteur de 1500 t/min., permettant d’atteindre la vitesse impressionnante pour l’époque de 160 km/h.
En 1907 la firme dont Mr GERMANES devient l’administrateur-délégué, devient une entité distincte des usines ferroviaires de la marque et prend pour dénomination « L’AUTO-METALLURGIQUE S.A. ». A partir de 1908/1909, tous les modèles seront dotés d’un radiateur en nid d’abeilles de forme pointue et ses carrosseries dessinées par VAN DEN PLAS ajouteront encore à leur élégance. L’usine de Marchienne-au-Pont construira également quelques camions.
Réputés pour leur fiabilité et leur haute technologie, les moteurs utilisés en course étaient développés par les Ateliers BERGMANN à Berlin : ainsi la « Prinz Henrich Metallurgique » apparue en 1910 qui disposait d’une puissance de 105 cv à 2600 t/min était conçue avec une soupape d’admission et quatre soupapes d’échappement par cylindre. Avant la première guerre mondiale, la gamme METALLURGIQUE comprenait huit modèles dont un 4 cylindres de 5 litres qui eut le plus de succès. Ils étaient alors équipés d’un système de freinage de type ADEX agissant sur les quatre roues avec compensation diagonale assurant une meilleure répartition du freinage.
La firme était devenue en 1910 une entreprise internationale à capitaux belges, anglais et allemands qui avait conclu des accords de fabrication sous licence en Allemagne avec BERGMANN à Berlin (ce seront de 1910 à 1922 les BERGMANN-METALLURGIQUE) et en France avec GILLET-FOREST. Tandis qu’elle tentait de promouvoir ses ventes en Russie, elle créait à Londres une filiale britannique, la METALLURGIQUE Cy qui, outre les modèles de série, réalisera ses propres modèles de compétition telle la METALLURGIQUE à moteur MAYBACH de plus de 20 litres de cylindrée qui apparut en 1912.
Durant la première guerre mondiale ses locaux seront occupés par les Allemands qui arrêteront la production et transfèreront les machines en Allemagne. A l’armistice, le gouvernement allemand se refusera à tout dédommagement, considérant que le démantèlement de l’entreprise avait été effectué à la demande des actionnaires dont nombre d’entre-eux étaient d’origine allemande.
L’AUTO-METALLURGIQUE reprit ses activités en 1919 sous la direction du Comte Jacques de LIEDEKERKE. Elle disposait encore d’un stock important de pièces et de châssis épargnés par l’occupant. En 1921 une nouvelle 4 cylindres de 3 litres entra en production. Il s’agissait d’un modèle particulièrement rapide avec une distribution par arbre à cames en tête, 4 soupapes par cylindre, développant 90 cv à 3500 t/min, mais cette voiture construite en petite série n’atteignit jamais la renommée des modèles d’avant guerre. Une version « compétition » de ce modèle réalisera au Grand Prix de Spa de 1922 le tour le plus rapide du circuit.
Fin 1922 la direction de l’entreprise est à nouveau assurée par GERMANES qui avait été entre temps un des dirigeants de la firme SOMEA. Il apporte à METALLURGIQUE un modèle 2 litres conçu pour SOMEA par l’ingénieur Paul BASTIEN futur responsable du bureau d’étude de STUTZ aux Etats-Unis. Ce sera l’ultime modèle produit par METALLURGIQUE à partir de 1923.Si cette 12/15 cv de 1970 cc équipée d’un 4 cyl. monobloc à soupapes en tête permettait d’atteindre 120 km/h – ce qui la situait parmi les plus rapides deux litres du marché – sa mécanique s’avéra cependant fragile.
En 1927 IMPERIA rachète l’usine METALLURGIQUE, démonte l’outillage pour renforcer le sien et revend les bâtiments à MINERVA. Une des prestigieuses marques belges avait vécu, laissant également son empreinte sportive dans de nombreuses compétitions internationales où elle ne réussira cependant pas à s’imposer réellement. Parmi ses multiples participations en course nous citerons la Coupe HERKOMER en Allemagne (1905-1906-1907), la Coupe de LIEDEKERKE (1906), le Tourist Trophy (1907-1908), le Circuit des Ardennes, le Kaiserpreis et Brooklands (1907), la Coupe Prince Henry (1910), le Tour de France 1912-1913), le Circuit du Maroc (1912), le Grand Prix de Russie (1914) et le Grand Prix de Belgique (1922).