LINON 1900 – 1914
« Les Ateliers de Constructions Automobiles LINON »
rue Grande à Ensival-lez-Verviers
Avant de s’intéresser à l’automobile, la famille LINON est connue dans la région verviétoise pour la fabrication des cycles de marque « CYCLOPE » où, en cette fin du 19ème siècle, l’industrie de la bicyclette est à l’apogée de son succès. Essentiellement localisé dans la province de Liège, le cycle occupe plus de deux mille ouvriers répartis dans une centaine d’établissements.
A la suite de leur aménagement à Ensival-lez-Verviers en 1897, les frères Louis et André LINON décident de construire des véhicules automobiles dans leurs nouvelles installations. Dès 1898 ils vendent les voitures françaises GAUTHIER-WEHRLE dont la transmission est réalisée par cardans, sans chaîne ni courroie. L’année suivante ils acquièrent la licence de fabrication de cette marque. C’est au Salon de Bruxelles de mars 1900 qu’apparaît la première voiturette LINON de conception propre, équipée du moteur DION BOUTON monté à l’avant, en version 3 ou 5 cv, et boîte deux ou trois vitesses.
Très rapidement la production des Ateliers LINON va se diversifier. En 1901 sont présentées au public les premières deux places à moteur LINON de 4 ou 5 cv, mais aussi des 4 places équipées de deux moteurs LINON accouplés et montés à l’arrière ainsi que des modèles de 4 et 6 places dont les moteurs développaient de 7 à 20 cv. Ces voitures connaîtront un certain succès à l’exportation, la firme d’Ensival livrant également pièces détachées, châssis et moteurs à d’autres constructeurs. En janvier 1904, LINON expose au Salon de Bruxelles des modèles deux cylindres de 8/12 cv et un quatre cylindres de 24 cv. S’ajoute à sa production des motos de 3 et 4,5 cv à transmission par courroies.
Entre 1909 et 1914 la gamme LINON dont la production atteint 200 à 300 voitures par an se compose des modèles suivants, certains équipés de moteurs LINON, d’autres de marques FAFNIR, FONDU, BALLOT ou VAUTOUR :
– des quatre cyl. de 10/12 cv (80 x 80), 10/15 cv (80 x 105) et 16/20 cv (95 x 120), toutes à boîtes trois vitesses et
transmission par cardans;
– les types AL 8 cv (60 x 100), F 12 cv (75 x 120), G 16 cv (80 x 140) et H 22 cv (90 x 150) à allumage par magneto BOSCH
à haute tension.
La type AL avait un embrayage à disques, les types F, G et H un embrayage cône cuir et moteur monobloc. On estime à près de 2.000 exemplaires les voitures qui sortiront des Ateliers LINON avant que ne survienne le premier conflit mondial. Les frères LINON abandonnent ensuite le marché automobile, leur cadence de production étant considérée comme insuffisante pour se maintenir et se développer dans un secteur ouvert à la concurrence industrielle étrangère. Quelques LINON seront encore assemblées dans l’immédiat après guerre puis la firme sera rachetée en 1919 par Louis LAMBERT, ancien comptable de la firme LINON.
Entre 1898 et 1914 les LINON auront connu quelques bons résultats en course avec des voitures strictement de série.
Ainsi, dans une publicité de 1910, Louis LINON insistait-il sur les performances de ses voitures de série en compétition:
« La voiture LINON donne des preuves de sa supériorité en luttant en course en véritable voiture de tourisme à 4 places entièrement équipée, contre des voitures préparées spécialement et, malgré ce désavantage, accomplit les performances suivantes :……. (au démarrage – km/arrêté : moyenne 65 km/h – en vitesse, les 500 m lancés: moyenne 82 km/h) »
Cependant, en 1913 et 1914 quelques LINON seront spécialement préparées et carrossées pour la compétition.
Le palmarès des LINON en course est assez éloquent et nous ne citerons ici que quelques résultats significatifs:
– en 1899, au Meeting de Liège, deux LINON se classent aux premières places, la seconde pilotée par André LINON ;
– en 1903 (Meeting de Spa) et en 1905 (Coupe du journal « La Meuse ») des motos LINON se distinguent parallèlement aux voitures de la marque;
– en 1909 lors de la 5ème Coupe de la Meuse une LINON pilotée par JERUSALEM termine 2ème de la catégorie Tourisme, et 4ème au classement général derrière une IMPERIA, une MINERVA et une OPEL battant des voitures équipées de moteurs beaucoup plus puissants (cette LINON construite en 1907 totalisait alors 40.000 km….);
– en 1912 LINON remporte des premiers prix à Namur et Ostende avec une 22 cv atteignant 100 km/h;
– en 1913 à Ostende, lors de l’épreuve de vitesse des 20 km sur circuit, la petite LINON de 1,3 L sera la véritable révélation de ce meeting très fréquenté, se classant première de sa catégorie, battant au passage des SPRINGUEL, IMPERIA et MERCEDES beaucoup plus puissantes. La marque d’Ensival remportera la même année à Westmalle devant une quarantaine de concurrent le record du km lancé ;
– en 1914 au Meeting d’Ostende LINON améliore le record de vitesse à plus de 102 km/h avec une 12 cv de 2650 cc.
Ce sera la dernière victoire de LINON avant le déclenchement de la grande guerre et…la disparition de la marque. Quant aux frères Louis et André LINON ils décèdent tous deux en 1955, leur nom restant indissociable de l’histoire de l’automobile belge de la première décennie du XXème siècle.
(source: Royal Vétéran Car Club Belgique)