Robin/FB
Le 8 octobre 1932Le déjeuner du 8 octobre, offert à la Presse et aux amis de la firme par « La Licorne », fut présidé par M. Fauvarque, président du Conseil d’administration, entouré de MM. Lestienne, administrateur délégué ; de Poucheville, administrateur ; Baudet, directeur général.
M. Fauvarque, dont l’allocution fut saluée par des bravos unanimes, en maints passages, soumit aux convives l’historique de la Maison que nous reproduisons ci-dessous :
Discours de M. Fauvarque» La maison, fondée en 1901, a donc plus de 30 ans d’existence : établis primitivement à Neuilly, les ateliers ont été transférés à Courbevoie en 1927, dans une usine qui fut construite et aménagée pour réduire au strict nécessaire les manutentions et obtenir une succession méthodique des différentes opérations constituant la fabrication d’une automobile. »
Cette usine possède un outillage des plus modernes et conçu spécialement pour obtenir, dans des conditions les meilleures, un usinage parfait des différents organes. »
Les dirigeants de La Licorne ont toujours été guidés par les principes suivants :
» 1° Construire avant tout solide et durable;
» 2° Si le poids en automobile est l’ennemi, la trop grande légèreté conduit à la catastrophe. Il ne fallait donc faire ni trop léger, ni trop lourd ;
» 3° Ne pas établir trop fréquemment de nouveaux modèles. En réalité, La Licorne n’a créé, depuis sa fondation, que trois ou quatre nouveaux modèles; mais pendant plusieurs années elle améliore le modèle établi afin d’obtenir une voiture sainement équilibrée, d’un entretien réduit et répondant cependant au goût du jour. »
La Licorne a profité du Salon 1932 pour faire une exposition, sur son stand, des principales pièces rentrant dans ses fabrications.
On y trouvera tout un échantillonnage de pièces brutes montrant la qualité des matières premières employées, la généralisation du principe « pris dans la masse », solution plus onéreuse, mais donnant, par contre, une sécurité plus grande. Cette solution supprime, en effet, les assemblages de pièces, assemblages souvent compliqués et toujours aléatoires.
» Cette exposition est complétée par les pièces usinées, montrant le fini et la précision des fabrications. » ... La Licorne n’a pas attendu la crise pour mettre entre les mains des plus exigeants :
» Tout d’abord sa 5 CV qui fut le prototype, non de la voiturette, mais de la véritable voiture légère.
» La 6 CV actuelle n’est qu’une 5 CV améliorée, l’expérience a prouvé, en effet, que pour transporter convenablement quatre personnes il fallait la cylindrée d’une 6 CV.
» Enfin le modèle 8 CV, qui se construit concuremment avec la 6 CV, a permis à la Société « La Licorne » de munir d’un moteur moderne ses châssis 8 /10 CV qui ont fait la fortune et la renommée de la maison ces dix dernières années.
» Pour faire robuste il ne faut pas faire trop léger, et pour faire confortable il ne faut pas faire trop petit. La clientèle demande néanmoins que le véhicule ainsi conçu obtienne une vitesse en palier de 75 à 80 kilomètres. Avec un moteur de petite cylindrée, on ne peut résoudre le problème qu’en adoptant un moteur à très grand rendement et en prenant les précautions nécessaires pour que cet excès de puissance ne nuise pas à la longévisé du moteur.
» Pour y parvenir, « La Licorne » a traité le vilebrequin d’une manière toute spéciale. Elle a prévu un très fort vilebrequin, larges portées, gros manetons, équilibre dynamique rigoureusement parfait sur machines perfectionnées. Bielles courtes et légères en métal à haute résistance. Pistons en aluminium pour être légers avec interposition de métal Invar paur les rendre indilatables. Cylindre en fonte durcie pour éviter l’usure prématurée (cette condition a nécessité l’emploi de machines spéciales de grand prix permettant d’usiner la fonte ainsi durcie).
Sur ce point,d’ailleurs,«La Licorne» fait école et est en avance de plusieurs années.
» Tenue de route. -—• Dans les qualités des voitures 6 CV et 8 CV il y a lieu de faire une mention spéciale à la tenue de route.
» Les 6 et 8 CV Licorne, sont vraiment des voitures de stabilité remarquable; cela est dû à la disposition des commandes de la direction, aux fusées et à la suspension par demi-cantilever à l’arrière ainsi que par l’abaissement du centre de gravité, sans que, cependant, aucun organe soit à moins de 20 centimètres du sol.
» Carrosserie. — « La Licorne » a toujours pressenti à temps l’évolution de la mode en carrosserie. Elle a souvent réussi a créer des modèles qui furent ensuite de véritables prototypes pour toute l’industrie automobile. » On fait d’abord confortable, mais l’élégance est toujours la note dominante. Ne citons que les plus connus de ses modèles : coach 4 portes, sans pied milieu ; coach 2 portes « Provence » ; cabriolet Femina, tous primés dans les principaux concours d’élégance de l'année en s’attribuant cinq grands prix d’honneur : à Paris, Versailles, Dieppe, etc...
» Performances. — « La Licorne » ne se borne pas à procéder à des essais d’endurance dans ses laboratoires et sur les auto- dromes; elle estime que c’est sur la route qu’une voiture se met au point, elle prend part, non pas exclusivement, à des épreuves sportives, mais surtout à des épreuves dont l’endurance est à la base du règlement et qui concerne des voitures strictement de série. Elle recherche ainsi un véritable banc d’épreuve, et lorsqu’elle, réussit il faut bien reconnaître que la voiture qui y prend part est une voiture de classe.
» Il y a un an, «La Licorne » s’est classée 1ère , 2 ème , 3 ème à la dure épreuve des Routes pavées.
» En mai dernier, elle fait les 5.000 kilomètres du Tour de France sans pénalisation, avec capot plombé.
» A Saint-Germain, elle s’attribue le Bol d’Or automobile, course de 24 heures sans arrêt, avec un seul conducteur, la plus dure épreuve de l’année.
» Aux circuits de l’Aisne, de Torvilliers, de Juan-les-Pins, elle enlève la première place de sa catégorie.
» La Société « La Licorne » a toujours été spécialisée dans la construction des véhicules industriels et utilitaires.
Elle s’y est acquise une renommée de premier ordre. Elle fabrique une gamme très étendue allant de la camionnette 350 kilogrammes au camion 3.500 kilogrammes.
» Cette série peut sembler longue : elle répond en réalité à tous les besoins de la clientèle et ce qui fait la supériorité de «La Licorne » en véhicules industriels, c’est qu’elle a été la première qui ait su constituer, pour simplifier sa fabrication, des organes standard en divisant sa gamme de poids lourds en groupes de châssis similaires, bien que répondant à des besoins différents.
» Ces groupes sont les suivants : 350 kilogrammes à 500 kilogrammes, 800/1.000 kilogrammes à 1.500/1.800 kilogrammes, 2.500 kilogrammes à 3.500 kilogrammes, enfin deux châssis surbaissés spéciaux pour cars de 22 et 30 places complètent la gamme, ainsi qu’un type 1.000-2.000-2.500 et 3.000 kilogrammes à moteur Diesel, licence Junker. »